Les formes sévères de boulimie entraînent des troubles nutritionnels, une grande angoisse et un état dépressif marqués. Peu de traitements sont disponibles. Une étude ouverte nous avait suggéré qu'une nutrition entérale par sonde nasogastrique était efficace contre les crises.

Nous avons réalisé une étude prospective randomisée ouverte sur l'intérêt d'une nutrition entérale à domicile (NEAD) de 8 semaines chez des malades boulimiques. Les malades ont été tirés au sort, soit dans le groupe contrôle (C = psychothérapie + diététique + groupe de parole), soit dans le groupe NEAD (C + NEAD). Un bilan par questionnaire (dont scores de dépression et d'anxiété), examens cliniques et biologiques était fait avant et 8 jours, 8 semaines (fin de traitement) et 3 mois après le début de la phase thérapeutique.

Il y avait 24 malades dans le groupe contrôle et 23 dans le groupe NEAD. Les crises de boulimie et les vomissements ont disparu 3 fois plus vite et 2 fois plus souvent (65 contre 29 %, p < 0,01) dans le groupe NEAD que dans le groupe C. Trois mois après, les crises étaient absentes plus souvent dans le groupe NEAD que dans le groupe C (52 versus 33 %). L'amélioration de l'état nutritionnel était supérieure dans le groupe NEAD (p < 0,05). L'amélioration des scores de Beck (dépression) et Hamilton (anxiété) était plus grande dans le groupe NEAD que dans le groupe C (p < 0,05).

La nutrition entérale par sonde réduit notablement les crises et les vomissements et améliore fortement l'humeur et l'état nutritionnel de malades atteints de forme sévère de boulimie.

Few effective treatments are available for severe forms of bulimia nervosa, which are accompanied by malnutrition, anxiety, and depressive mood. We previously showed in an open study that nasogastric tube feeding (TF) reduced binges and purging in patients with anorexia nervosa.

This prospective randomized trial compared bulimia patients in two treatment groups: one group received TF at home, together with psychotherapy, nutritional counseling and a support group while the control group received only psychotherapy, nutritional counseling, and a support group. Patients in the first group underwent TF for 8 weeks (exclusively for 10 days and associated with meals thereafter). Assessment was based on clinical examination, laboratory results, and a variety of questionnaires (our in-house instrument for measuring binge and vomiting episodes, eating disorder inventory, Beck's depression inventory and the Hamilton rating scale for anxiety), all performed at the onset of treatment and at 8 days, 8 weeks (i.e., the end of TF), and 3 months after treatment began.

Binges and vomiting disappeared faster and more frequently in TF patients than in the control group: 65% versus 29% (p<0.01). Three months later, these remained less frequent in the TF group than among controls (52% versus 33%, p=0.064). Nutritional status, depression, and anxiety improved more among the TF than control subjects (p<0.05).

Tube feeding was effective in these patients with bulimia nervosa, reducing the number of binge and vomiting episodes and improving nutritional status and mood.